...à environ J60 et des bananes, après 2 mois de voyage, c'est-à-dire un quart de notre périple.

Perdu :
  • les lunettes de soleil Gabriel, qu’il a laissé à l’auberge de jeunesse d’ El Calafate (Argentine)
  • une tétine et Nanchen, le doudou d’Eliott, qui a préféré rester au parc National de Torres del Paine (tellement c’était beau) – heureusement, c’était le clone, on avait gardé l’originale dans nos bagages, mais celle-ci tombe littéralement en lambeaux. Le Père Noël a néanmoins promis d’en trouver une en France et de nous la faire passer par Grand-Mère qui nous rejoint début janvier au Pérou (ouf !)
  • un livre de Petit Lapin Blanc
  • la moitié des paires de chaussettes de Gabriel (comme il en avait 3, ça fait pas lourd mais on le sent bien à l’usage)
  • l’écran de mon téléphone (Gabriel l’a cassé en le laissant tomber pendant la croisière)
le téléphone – j’ai fini par casser ce qu’il en restait
  • le pad de l’ordinateur qui ne clique presque plus (ou mal) – Gabriel, encore, et sa maladresse légendaire !
Le Père Noël nous a gentiment déposé au pied de l’étagère en contreplaqué – oui ben on fait comme on peut, va trouver du sapin par ici ! – un beau téléphone et une souris, sinon on n’était pas près de redonner des nouvelles.
  • notre sens de l’hygiène à l’occidentale: nous nous contentons majoritairement d’une toilette de chat et nous nous faisons à l’idée qu’une douche par semaine est acceptable. Nous sommes restés parfois 48h sans nous laver les dents. Nous faisons une lessive dès que l’occasion se présente, mais, à part nos sous-vêtements que nous lavons tous les soirs, nous portons la même tenue pendant 3 ou 4 jours ( et avons parfois même dormi avec ! )     
Exit les crèmes de jour, l’épilation et toutes les fioritures type maquillage, on se contente de se brosser les cheveux pour ne pas revenir avec des dreadlocks et on se débarbouille histoire d’être présentables pour nos hôtes ! Nous avons d’ailleurs remarqué qu’aucune des machines à laver que nous avons croisé n’était branchée sur l’eau chaude …ce qui suffit amplement pour décrasser nos affaires de la sueur, le sel, le sable, la poussière et la terre, mais qui par contre est inefficace contre les taches de fruits … du coup les hauts des enfants ne ressemblent plus à grand-chose car on ne peut pas les empêcher de se tacher, même avec des serviettes. Nous allons aussi investir dans un petit kit de reprisage car plusieurs des coutures de nos effets (portefeuilles compris) nous ont fait la désagréable surprise de céder au bout d’à peine quelques semaines d’utilisation : preuve de leur mauvaise facture.
  • nos exigences concernant la literie
Que ce soit en camping, dans les aéroports ou parfois chez des personnes qui nous hébergent en dépannage, nous dormons par terre plus souvent que nous ne l’avons jamais fait. Nous avons néanmoins de bons sacs de couchages et c’est assez confortable bien qu’un peu ferme. Nos bus de nuit sont souvent en « cama » c'est-à-dire pourvus d’un siège large qui se penche à presque 180° et possède un appui pour les jambes et se transforme en couchette, et nous alternons avec des semi-cama, sièges réguliers. Si nous avons un peu de mal à dormir assises avec Marion, les enfants dorment absolument n’importe où , nous les envions !



Eliott faisant une sieste dans un centre commercial d’Antofagasta,où nous passons une journée en transit entre 2 nuits de bus …

  • le blog. Il ne s’est pas perdu dans la nature mais il semble qu’il y a ait un problème avec le site « top-départ » car aucune de ses pages ( dont la nôtre ) n’est accessible. On espère que le problème se réglera vite. [Edit : 10 jours complet d’arrêt, le site est de nouveau en ligne, ouf !]
  • nos illusions... Nan, en fait on en n’avait plus vraiment. Nous avons quotidiennement le nez dans les méfaits de l’ultra libéralisme couplé à une mondialisation qui ne favorise que les blancs, les riches, et l’hémisphère nord dans son ensemble. Je ne vous cache pas que ça fout un peu la honte. J’en avais déjà parlé pour la Patagonie, mais plus on monte vers les régions chaudes, plus c’est flagrant. Ca sera l’objet de plus amples explications dans un prochain billet.
Sinon dans l’ensemble, bilan plutôt très positif, notamment sur les rencontres, et bien sur les merveilles naturelles que nous avons pu contempler.


Les rencontres :

Aucune mauvaise surprise pour l’instant : rien que des personnes ouvertes d’esprit, généreuses, accueillantes. Un ou 2 dragueurs un peu lourdingues peut-être, mais rien de bien méchant et pour le coup, on se sent plus en sécurité qu’en France.

Alors bien sur je ne pense pas à notre petit village où l’on peut laisser les clés sur le contact de la voiture et dormir tranquille, (bon d’accord, sauf quand on se fait cambrioler une veille de Noël ) mais bien à notre expérience des villes, car pour le coup entre Buenos Aires et Santiago on a fait pas mal de milieu urbain avec toutes sortes de transports ( métro, bus, collectivo – sortes de taxis partagés, piéton ) et d’expériences en environnements sociaux variés.

La présence des enfants ne fait pas de nous de potentielles victimes plus faciles à piéger mais attirent la bienveillance de tous.

Les situations se renversent donc.

Là où, en France, il ne me viendrait pas à l’idée de faire du stop avec mes enfants, alors que j’en ai fait très régulièrement à une époque je n’avais pas de véhicule et que les bus ne desservaient pas ou trop mal mes destinations, ici c’est le contraire. Je craindrais plutôt d’en faire seule, mais je sais qu’avec les enfants nous ne seront approchés que par des gens qui souhaitent nous dépanner.

Le seul moment où nous avons eu des doutes sur les intentions des humains qui nous entouraient a été à Puerto Montt, quand Eliott s’est blessé à la lèvre. Nous avons cherché une pharmacie en nous éloignant de notre itinéraire prévu. Nous avons débarqué dans un sorte de marché à mi-chemin entre le centre commercial délabré et le souk. Marion s’est donc installé sur le parvis d’une fontaine avec les enfants et les bagages pendant que j’entrais dans le centre en quête de soins. Les gens avaient l’air plutôt sympa et nous avons vu une recrudescence d’enfants dans la rue. Pourtant, dans la pharmarcie, une dame m’a interpellé en me montrant du doigt la place : «Peligro, Peligro ! »

Je ne parle pas espagnol mais nous avons rencontré suffisamment ce mot pour le reconnaître. Comme elle a vite repéré que je ne la comprenais pas, elle a téléphoné à son mari, qui parlait anglais et me l’a passé afin qu’il puisse m’expliquer la situation. Nous étions dans le quartier des gitans, réputés pour dévaliser les touristes. Selon eux, nous étions seules avec des enfants et des bagages ce qui représentait une faille de sécurité notable. Mais des pickpockets, de Rome à Bucarest, j’en ai pas mal fréquenté et si c’est une expérience pénible que de se faire soustraire de son portefeuille, je ne la qualifierais pourtant pas de « dangereuse ». Par contre, lorsque mon interlocuteur m’a affirmé plusieurs fois qu’ils enlevaient les enfants, là j’ai commencé à m’inquiéter. Par la fenêtre, j’ai vu Marion entourée de femmes et de jeunes filles et elle n’allait pas pouvoir surveiller à la fois nos bagages et les enfants. Je me suis précipité dehors, ait intimé à toute la troupe d’empoigner les bagages et de filer d’ici. Heureusement Marion n’est pas trop du genre à me poser des question quand j’utilise l’impératif, elle me fait suffisamment confiance pour savoir que je n’agis pas sur un coup de tête. Remerciant néanmoins cordialement les gitanes empressées qui s’affairaient à soigner Eliott (l’une avec une serviette, l’autre en lui tendant un verre d’eau, les petites avec des jouets) nous n’avons pas demandé notre reste.

Plus tard, auprès de la famille qui nous a accueilli, on m’a démenti ces affirmations, et si nos bagages pouvaient être en danger, nos enfants certainement pas. Cela m’a peiné d’avoir été si facilement crédule de préjugés envers une population qui ne manque déjà pas d’être discriminée. A ma décharge, quand on est dans un endroit inconnu, mieux vaut être trop soucieux de sa sécurité que pas assez.

Pour de notre étape de début janvier à Antofagasta, nous avons eu par contre des sources très diverses (familles françaises, chiliennes et colombiennes, et même le Consul de La Serena ) confirmant le danger de cette ville, avec des quartiers interdits : en effet, au nord du Chili sévissent des cartels (issus des mêmes problématiques qu’en Colombie) qui dévalisent à main armée, et tuent sans hésitation à la moindre résistance . Nous avons donc revu notre itinéraire pour ne pas passer du tout par certaines villes et écourter au maximum notre passage obligé par d’autres.



Le Budget :

Pour l’instant nous avons réussi à rentrer dans nos prévisions assez serrées.

Cela a surtout été difficile en Patagonie où la vie s’est avérée excessivement plus chère que prévu. Sur tous les guides et sites par exemple, sera prétendu que la nourriture est environ 25% moins chère qu’en France, mais à moins que les rédacteurs aient pensé que nous faisions tous nos courses quotidiennes chez Fauchon, c’est une lourde erreur.

Dans tous les cas il faut repenser sa manière de consommer.

En France généralement, les petites boutiques (producteurs) sont plus onéreuses que les grandes surfaces. Ici c’est l’inverse. Les supermarchés, c’est chic et réservés aux riches puisqu’ils ne contiennent que des produits d’importation.

En revanche les épiceries de quartiers (dont on se sert en France pour un appoint souvent exorbitant, surtout ceux qui ouvrent toute la nuit) sont plus abordables.

D’ailleurs pour une personne seule il revient souvent moins cher de manger en extérieur, dans les cantines , les « social clubs » ou les petits restos, que de tenter de se préparer à manger chez soi avec des denrées de base. Donc vraiment l’inverse de la France .

Pour 4 évidemment, c’est quand même un peu plus économique de préparer soi-même une gamelle de riz ou de pâtes et on ne fait pas 3 plats par repas.

Au final, la grande difficulté pour nous a été de trouver des produits sains, sans trop d’additifs. Et ce n’est même pas une question de budget pour le coup, car au Chili, c’est juste introuvable.

Les enfants font donc bien leurs 3 repas par jours goûter, mais souvent Marion et moi ne mangions que le soir en Patagonie. Heureusement pour Marion, son plat préféré est bon partout, accessible et très peu cher : le pain, denrée universelle !

Pour ma part je compense ma nostalgie du fromage français avec les avocats du Chili qui sont délicieux !

Donc :
  • budget nourriture: 15E/jour (pour nous 4) : OK !
PS : on remercie au passage les grands-parents de tous les côtés qui nous ont fait de généreux cadeaux pour agrémenter le quotidien et s’offrir de bons repas pour les fêtes de fin d’année …

[Edit pour rassurer les grands parents en question : Depuis que nous sommes au Pérou, c’est Byzance : fruits et légumes de bonne qualité à volonté : le petit déjeuner c’est jus de fraises et de mangue que l’on mixe, papayes et goyaves, fruits de la passion !]


Pour le logement et les transports nous avons une enveloppe égale de 900E par mois pour chaque poste, ce qui correspond à une 30taine d’Euros par jour (60 pour les 2), toujours pour nous 4.

Le budget transport ( hors le billet d’avion qui nous conduit sur les 3 continents qui a fait l’objet d’un budget de départ d’un peu moins de 6000E au total) s’écoule presque totalement chaque mois. Entre les bus de nuit, les voitures de location et les vols locaux ce n’est pas là-dessus que nous pouvons sauver quoique ce soit. Suivant les endroits la voiture de location peut varier de 30 à 120E par jour, les bus de 20 à 50e le billet.

Les bus locaux et les taxis « collectivo » sont bien sur très peu chers comparativement à la France, mais comme nos hôtes sont parfois excentrés, nous les utilisons quotidiennement.
  •  budget transports : 30E/jour (pour nous 4) : OK !
 Pour l’hébergement enfin, nous pouvons rentrer dans nos frais grâce à tous les couchsurfeurs qui nous accueillent, car même dans un camping, il est difficile de trouver quoique ce soit en dessous de 40e la nuit, pour 4. Ce qui est assez étonnant car en France, on trouve des « Formule 1 » et autres hôtels low cost pour jusqu’à 3 personnes à peu de frais, alors que souvent ailleurs, même une place de tente revient aussi cher ( et sans eau chaude ).

Certains lieux touristiques peuvent monter jusqu’à 150e la nuit et c’est la moyenne de nos nuits en CS et des lieux payants qui font que pour l’instant on s’en sort plutôt bien, pas de dépassements !
  • budget logement : 30E/jour (pour nous 4) : OK !
Enfin, le budget sortie qui couvre les dépenses d’entrées sur les sites, notamment, est prévu autour de 500E par mois. Pour l’instant aussi, cela fonctionne malgré certains sites onéreux comme le parc Torres del Paine ( de 30e° par personnes, enfants payant ) et à venir le Macchu Pichu, très dispendieux.
  •  budget visites : 500E/mois (pour nous 4) : OK !
Au final, l’objectif est de rentrer dans une enveloppe de 30.000e pour les huit mois.

A titre comparatif, le budget d’un tour du monde par personne est évalué à 15.000E (en mode routard et sac à dos) pour un an, et nous sommes plus près de 12.000. Eliott, du haut de ses trois ans, paie intégralement ses billets d’avion et beaucoup d’entrées de site, parfois les hôtels qui exigent qu’il ait un lit à lui (plutôt que de partager le couchage), mais est accepté quasiment partout gratuitement dans les transports, et Gabriel a moitié prix, ce qui explique que notre budget soit moins élevé que la moyenne.



Voilà pour ce premier quart.

Je ne m’étends pas sur les visites, que vous pouvez suivre tout au long du blog, mais nous en prenons plein les yeux.

Si nous serons ravis de retrouver notre petit village et la Maison Biscornue, la sédentarité risque de nous faire bizarre … Et si Marion était plutôt casanière, j’espère l’avoir assez contaminée puisqu’elle parle déjà de nos potentielles prochaines vacances ( en 2018 ) pour découvrir en voiture l’Europe du Nord avec les enfants !




Marie, dans l'eau , le sable, le désert et la vallée, un brin nostalgique en pensant à ses chats et ses orchestrations,et qui a eu droit aux premiers coups de soleil ET à la première tourista, vivement le Soroche !