Après 3h30 de vol, nous arrivons à El Calafate, Patagonie, au sud de l’Argentine.

Après la douceur du climat de Buenos Aires, c’est la claque. Nous débarquons le matin à 2 degrés avec un vent à écorner les bœufs. Eliott doit s’accrocher pour ne pas s’envoler, et il y a d’ailleurs une véritable omerta sur les parapluies dans cette contrée.

Selon le chauffeur local «ça n’est rien ça, c’est demain qu’il y a aura du vent » 0_o

Nous avons bien tout empilé nos tricots de corps en laine mérinos, nos laines polaires , bonnets , écharpes et gants, mais c’est pourtant un stupide kway qui fait la différence : ne pas avoir froid, c’est n’est pas accumuler la chaleur, c’est bien empêcher le vent d’infiltrer les vêtements (quelque soit leur nombre ou leur épaisseur).

La 2eme claque c’est le paysage.



Nous atterrissons au bord du Lago Argentino, plus grand lac du pays et 3e plus vaste lac de tout le continent. Enclavé entre de hautes montagnes ( le début de la Cordillère des Andes ) et des steppes désertiques, on a l’impression d’avoir 3 paysages complètement différents qui se juxtaposent : toute cette eau, ces landes arides et ces montagnes enneigées.

Il est difficile de le rendre en photo, mais ce lac est d’un bleu turquoise presque artificiel.

Cela vient des nombreux morceaux d’iceberg et de la fonte des glaciers qui entourent le lac.




La petite ville d’El Calafate, qui est passée d’une population de 5000 à 20.000 habitants en 15 ans est une citée crée pour les nombreuses activités touristiques liées aux glaciers que compte la région. C’est un peu comme le Courchevel de Patagonie.

Les prix s’en ressentent d’ailleurs : les 2 petites supérettes du centre ville ont des prix tellement hallucinants que nous allons renoncer aux laitages et aux fruits et légumes frais pendant notre séjour. Le pain, les pâtes et les légumineuses (ils font d’étonnants mélanges de lentilles, quinoa, riz, maïs, orge perlé… ) seront la base de notre alimentation pendant notre séjour ici. C’est à se demander comment font les locaux pour se nourrir correctement car les prix sont les mêmes pour eux aussi pendant que les salaires ne sont pas plus élevés qu’ailleurs en Argentine.

Le plus scandaleux étant que la Patagonie est une région riche en terme de production de vivres: on voit des vaches partout, il y a des cultures ( pas à Calafate mais dans des endroits proches, moins ventés ) mais le dernier gouvernement ayant favorisé les grosses exploitations qui ne vendent qu’à l’exportation ( en direction notamment des USA et de l’Europe ), il n’y a plus rien pour les populations vivant dans ce bassin, et elles sont obligées de consommer à prix d’or des produits importés d’ailleurs ou de piètre qualité. D’ailleurs, il est très difficile de trouver des produits ne contenant pas une liste ahurissante d’additifs ( conservateurs, exhausteurs de goût, colorants et compagnie ). J’ai cherché dans une dizaine de marques de lait la seule bouteille à ne pas contenir des gélifiants (hein ?), des agents de coagulation (quoi ??) et des conservateurs (et l’UHT , c’est pour les chiens ? ). Marion a même renoncé à manger de la pâte de fruits car ils ne pouvaient pas s’empêcher d’y ajouter de la gélatine de porc !

Bref rassurez-vous, on s’amuse quand même et on fait des crêpes, sans lait, juste des œufs de la farine et de l’eau mais qu’on peut garnir de Dulce de Leche ou de miel .

Mais pour ceux qui vivent ici en permanence, rappelez-vous qu’ils se nourrissent peu et mal simplement pour que nous ayons le luxe de manger des fruits et des légumes hors saison : une raison de plus pour privilégier, en France, les circuits courts et l’agriculture locale, parce que là nous sentons bien tout ce que coûtent nos privilèges au reste de la planète.



Nous avons logé 3 jours chez Lucas, un hôte extraordinaire puisqu’il n’est inscrit sur Couchsurfing que depuis janvier 2016 et a déjà reçu chez lui de 80 invités ! 



Sa maison est plus cossue que la moyenne puisqu’il dispose d’une chambre pour lui et d’une mezzanine réservée à ses invités avec 5 matelas ( dont 4 en lits superposés ) ...il est donc paré à recevoir la terre entière, avec une bienveillance qui force le respect.

C’était un bonheur que d’être dans sa maison douillette quand le vent soufflait si fort et que le soleil se faisait rare. Les enfants l’ont beaucoup apprécié, ainsi que la compagnie des 2 chattes qui venaient nous câliner.



Il travaille en temps que manager dans une entreprise familiale liée à la construction et il vit juste au-dessus de la ville à flan de montagne et nous pouvions voir le lac turquoise depuis notre grande baie vitrée.



Pour ne pas abuser de son hospitalité – car les enfants sont bruyants et un peu trop plein de vie parfois, nous avions réservé pour la fin de la semaine un dortoir pour 4 dans une auberge de jeunesse, l’Ovejero ( le Berger ) qui sert aussi de camping municipal, au bord de la rivière.

Les dortoirs étaient des containers recyclés en petites chambres très bien ( trop bien ) chauffées.

Bonne initiative, les enfants ont adoré jouer , sauter , crier dehors autant qu’ils le pouvaient !






Le dernier soir, nous avons pris un verre avec Lucas en ville pour goûter à la bière artisanale locale, la Zorra ( la Renarde ), qui se décline en de multiples couleurs ( de la Pale Ale à la Stout ) avec des arômes très riches. Un très bon moment !



oui c'est censé être le soir, mais plus on se rapproche de l'été austral , plus les jours sont longs ! le soleil ne se couche donc que vers 22h30 - minuit en pleine saison - et se lève très tôt - 4 ou 5h du matin ...